Couderc et Hachette Filipacchi Associés c. France

Cour européenne des droits de l’Homme
10 novembre 2015

Faits

Un journal a publié un article contenant les révélations d'une femme affirmant que le père de son fils était le prince régnant de Monaco et donnant des détails sur leur relation. Le prince a intenté une action contre les requérants, le directeur de publication et la société éditrice du magazine, en vue d'obtenir une indemnisation pour violation de sa vie privée et atteinte à son droit à la protection de sa propre image. Les tribunaux français ont fait droit à sa demande.  

La plainte

Les requérants allèguent une violation injustifiée de leur droit à la liberté d'expression tel que garanti par l'article 10 de la Convention.

Arrêt de la Cour

La Cour admet que l'arrêt rendu contre les requérants constitue une ingérence dans leur droit à la liberté d'expression. Cette ingérence était prévue par la loi et poursuivait le but légitime de protéger le droit à la vie privée du Prince. La question était de savoir si cette ingérence était nécessaire dans une société démocratique. La Cour a passé en revue les différents critères utilisés dans sa jurisprudence antérieure pour évaluer la proportionnalité de l'ingérence : 

  • L'article litigieux a contribué à un débat sur un sujet d'intérêt général, à savoir les règles de succession dans la monarchie. 
  • Le Prince était un personnage public et son attente d'une protection de sa vie privée était limitée en raison de sa notoriété et de son comportement passé
  • Les moyens par lesquels l'information a été obtenue ne posent pas de problème, la mère de l'enfant ayant volontairement contacté le journal. 
  • La véracité des déclarations n'a pas été contestée par le Prince et les photographies, bien que publiées sans son consentement, ont été prises à sa connaissance et ne le montrent pas sous un jour défavorable. 
  • Le ton de l'entretien était mesuré et non sensationnel. 

La Cour a conclu que l'ingérence dans la liberté d'expression des requérants n'était pas justifiée par la protection de la vie privée du Prince et violait donc l'article 10.

En savoir plus

Dernière mise à jour 13/11/2023