Les droits, les libertés et la protection spécifiques des médias s'accompagnent de devoirs et de responsabilités spécifiques.
Un journaliste responsable est protégé par la liberté d'expression mais doit respecter certaines conditions. Ainsi, malgré le rôle essentiel des médias dans une société démocratique, les journalistes ne peuvent en principe pas être exonérés de leur devoir de respecter le droit pénal ordinaire au motif que l'article 10 leur offre une protection inattaquable.
Les médias ne bénéficient d'une plus grande liberté que s'ils agissent de bonne foi, fondent leurs reportages sur des faits exacts et fournissent des informations fiables et précises en respectant les normes éthiques du journalisme. Dans cette section, vous trouverez des informations sur les obligations des médias de :
- fournir des informations véridiques et vérifier l'exactitude de leurs sources
- différencier clairement les informations et les opinions
- éviter d'utiliser un langage grossièrement offensant à l'égard d'une personne lorsque son utilisation n'est pas justifiée
Les journalistes ont le devoir de fournir des informations véridiques, de vérifier les faits et l'exactitude de leurs sources. Plus une allégation est grave, plus les faits doivent être précis et fiables.
exemple Si un journaliste rapporte qu'une certaine personne a commis un crime ou a fait quelque chose d'illégal, il doit vérifier que ses sources et ses faits sont exacts et fiables.
Les journalistes ne doivent pas simplement supposer que des sources telles que des lettres anonymes ou des déclarations de personnes personnellement impliquées dans le litige rapporté sont vraies. Dans ces cas, les journalistes doivent vérifier leurs informations, par exemple en consultant d'autres sources disponibles ou en demandant des commentaires à la personne concernée.
exception Les médias ne sont pas tenus de vérifier leurs sources et d'effectuer des recherches indépendantes s'ils fondent leur publication sur des rapports officiels ou d'autres informations fournies par des institutions publiques. Par exemple, ces informations publiques peuvent être des décisions de justice, des informations statistiques publiées par des institutions publiques ou des déclarations faites lors d'une conférence de presse.
La déclaration des droits et devoirs des journalistes inclut spécifiquement le devoir de vérifier les informations :
- les journalistes doivent respecter la vérité, quelles qu'en soient les conséquences pour eux-mêmes, en raison du droit du public à savoir.
- les journalistes doivent publier uniquement des informations dont l'origine est connue ou les accompagner, le cas échéant, des réserves appropriées.
exemple Le journaliste qui conteste l'existence d'un crime contre l'humanité reconnu par une juridiction française ou internationale peut être poursuivi.
Les journalistes doivent faire une distinction claire entre les informations et les opinions qu'ils fournissent. C'est essentiel pour que le lecteur puisse se faire sa propre opinion sur le sujet.
Actualités
Les informations comprennent des faits et des données qui peuvent être vérifiés. Une émission d'information doit donc être véridique et les informations données doivent être vérifiées et étayées par des preuves.
Opinions
Les opinions expriment les pensées, les idées, les croyances ou les jugements de valeur des entreprises de médias, des éditeurs ou des journalistes. Par exemple, les opinions peuvent être exprimées sous forme de commentaires sur des idées générales ou de remarques sur des informations relatives à des événements réels.
Les opinions sont toujours subjectives, c'est pourquoi il n'est pas possible de vérifier si elles sont vraies ou exactes. Toutefois, cela ne signifie pas que les opinions critiques à l'égard d'une certaine personne ne doivent pas être fondées sur des faits. Les opinions qui ne reposent pas sur une base factuelle suffisante peuvent être considérées comme excessives et dépasser les limites de la liberté d'expression.
Ce qui constitue une base factuelle suffisante dépend de la gravité des allégations et sera évalué dans chaque cas. Toutefois, plus l'allégation est grave et précise, plus la base factuelle doit être exacte et fiable. Toute publication sans information vérifiée peut constituer une diffamation si l'allégation découle uniquement de l'opinion du journaliste.
exemple Si un journaliste publie une allégation très sérieuse selon laquelle un certain homme politique est un abuseur d'enfants, il doit disposer d'une base factuelle solide pour étayer son opinion.
Les journalistes ne doivent pas utiliser un langage excessivement offensant pour exprimer une opinion négative. Toutefois, lorsqu'ils traitent de questions d'intérêt public, ils sont autorisés à faire preuve d'un certain degré de provocation et même à utiliser un langage offensant si cela s'avère nécessaire dans le contexte du reportage en question.
Les journalistes peuvent être poursuivis s'ils utilisent des expressions outrageantes ou ouvertement méprisantes. Leurs propos deviennent alors des délits punissables.
exemple Nommer quelqu'un d’"idiot" ne serait généralement pas acceptable pour un journaliste. Cependant, cela pourrait être justifié dans une publication qui réagit à la glorification publique et à la négation des crimes commis par un régime d'occupation pendant la Seconde Guerre mondiale par un membre du parlement.