Il existe trois formes de violence conjugale : la violence avec répétition, la résistance violente et la violence situationnelle.

La violence avec répétition

La violence avec répétition est un recours systématique à l'intimidation, à la coercion et à la violence, ainsi qu'à d'autres tactiques de contrôle, afin d'établir et de maintenir une relation de domination à l'égard d'un partenaire intime. Il s'agit d'une manière systématique d'utiliser diverses tactiques pour restreindre l'autonomie d'un partenaire intime. C'est bien plus qu'une simple attaque. La violence avec répétition est la forme la plus courante de violence conjugale et on estime qu'elle représente 90 à 92 % de tous les cas de violence conjugale.

Plusieurs tactiques différentes ont été identifiées, auxquelles les auteurs ont généralement recours pour obtenir et conserver le pouvoir et le contrôle sur leurs victimes et pour s'assurer de leur soumission dans le cadre d'une relation :

  • Intimidation
  • Coercion et menaces
  • Abus émotionnels et psychologiques (critiques constantes, insultes, humiliations, manipulations, chantage, etc.)
  • Isolement
  • Minimiser, nier les violences et blâmer la victime
  • Utilisation des enfants comme moyen de contrôle
  • Utilisation du privilège masculin
  • Abus économique
  • Abus administratif (confiscation de documents administratifs tels que la carte d'identité, le passeport, les diplômes, le livret de famille, etc.)
  • Violence physique
  • Violence sexuelle
  • Espionnage, harcèlement
  • Cyberviolence (harcèlement en ligne, contrôle des mots de passe, etc.)

Il y a généralement un élément de piégeage lorsque la violence avec répétition est utilisée dans une relation intime - les victimes ont l'impression qu'elles ne peuvent pas partir sans être punies. Cette forme de violence provoque la crainte d'actes de violence continus et, par conséquent, influence la capacité de la victime à parler librement, par exemple aux forces de l'ordre, ainsi qu'à quitter la relation violente.

Résistance violente

La résistance violente comprend l'usage légal et illégal de la force par la victime de violence conjugale en réponse aux tactiques de coercion et de contrôle de son agresseur ou en réaction à la violence d'une autre personne. La résistance violente est généralement une réponse à la violence avec répétition. On estime qu'elle représente 5 à 8 % de tous les cas de violence conjugale. Elle fait partie d'une stratégie plus large de la victime pour arrêter, fuir ou contenir la violence. Voici quelques exemples d'actions de résistance contre l'agresseur :

  • Négociation
  • Appel à la famille et aux amis pour obtenir de l'aide
  • Apaisement
  • Colère et hostilité
  • Séparation
  • Quitter la relation ou menacer de quitter la relation
  • Recours à la force
  • Menaces d'exposer le partenaire violent à d'autres personnes et de l’humilier
  • Menaces de blesser le partenaire violent sur le plan émotionnel ou économique ou d'endommager ses biens

Violence situationnelle

La violence conjugale situationnelle est une forme de violence utilisée par un partenaire intime contre l'autre et ne constitue ni une tentative permanente d'exercer un contrôle, ni une réponse à un contrôle. Elle englobe tous les autres actes de violence conjugale, qui peuvent être subdivisés en catégories telles qu’une violence ponctuelle ou une violence découlant de problèmes de santé mentale ou de dépendance médicale. La violence conjugale situationnelle est la forme la moins courante de violence et est estimée à 1-3% de tous les cas de violence conjugale.

Reconnaître les formes de violence conjugale

Les trois formes de violence conjugale sont présentes dans de nombreuses relations violentes. Dans de nombreux cas, les victimes de violence conjugale utilisent la résistance violente comme une réponse instinctive aux coups de l'auteur pour protéger leur vie. C'est ce qu'on appelle la légitime défense. Si une victime de violence domestique utilise la résistance violente pour se protéger de son agresseur, elle peut ne pas être tenue pénalement responsable de cette violence parce qu'elle a commis cette infraction en tant qu'acte de légitime défense. Il est donc très important que les institutions chargées de l'application de la loi, les prestataires d'aide aux victimes et les prestataires de traitement pour les auteurs, distinguent les formes de violence conjugale et identifient l'agresseur principal et la victime afin de prendre des mesures adéquates à l'encontre de l'auteur et de fournir la protection nécessaire à la victime.

Cependant, les victimes de violences conjugale ne disposent pas d'un droit spécifique à la légitime défense et restent soumises aux conditions du droit pénal ordinaire comme toute autre victime, c'est-à-dire un acte de légitime défense nécessaire et proportionné effectué en réponse à une atteinte injustifiée et actuelle envers elle-même ou autrui. Cela signifie que lorsqu'une victime de violences conjugales de longue-date tue son mari après que celui-ci ait menacé verbalement de la tuer, cet acte n'est pas considéré comme un acte de légitime défense car les menaces verbales ne suffisent pas à justifier un acte de légitime défense. Les juridictions françaises rejettent systématiquement ce moyen de défense lorsque l'infraction est commise à la suite de violences conjugales mais sans que ces violences soient actuelles et réelles au moment de l'acte de légitime défense.

Ne pas distinguer les types de violence conjugale d'un autre peut :

  • Mettre en danger les victimes actuelles de la violence
  • Entraîner des réactions inappropriées de la part des forces de l'ordre, des procureurs et des tribunaux, des avocats et des conseillers
  • Encourager les auteurs d’infractions

exemple Si, en cas de résistance violente, son auteur, qui est en fait une victime de violence conjugale, est identifié comme l'agresseur principal de la violence conjugale, cela peut entraîner des poursuites à son encontre, alors qu'aucune mesure n'est prise à l'encontre du véritable agresseur, ce qui permet à cette personne de conserver son pouvoir et son contrôle sur la victime.

exemple Si un acte de violence physique est classé dans la catégorie des violences situationnelles, en raison de la justification des actes de l'auteur par la consommation d'alcool, le schéma des violences conjugales répétitives n'est pas reconnu, ce qui met en danger la sécurité de la victime.

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Dernière mise à jour 09/11/2023